16 mai 2015

Tonton Bédouin raconte: Bédouins et Racachis

Une tradition bien établie (ça c'est l'expression consacrée quand les historiens n'ont pas d'autre explication) fait remonter l'appellation "bédouin", pour qualifier un natif de Ouistreham, à la visite éclair que rendit l'Empereur à nos ancêtres en 1811 et que nous avons contée par ailleurs. La rencontre avec les autochtones ouistrehamais aurait rappelé à Napoléon quelques souvenirs de la campagne d'Egypte treize ans auparavant.

Les hypothèses


Deux hypothèses ont été avancées ; selon la première, nos lointains compatriotes un peu chapardeurs, s'en seraient pris à la vaisselle d'argent que transportait la suite de l'Empereur. Quand on connait la composition de la petite troupe qui au matin du 24 mai 1811 visita nos côtes et  la brièveté de la chevauchée impériale, on s'étonne que nos visiteurs se soient chargés de beaucoup de bagages ! C'est pourquoi nous préférons de loin la seconde explication, celle de l'aspect vestimentaire des Ouistrehamais de ce début du XIXème siècle qui, plutôt misérables, se protégeaient du vent et de l'humidité en utilisant de vieux sacs ou des débris de voiles rougeâtres. Ainsi attifés, ils pouvaient, en effet, rappeler à l'Empereur les fils du désert drapés dans leurs burnous.



Pêcheurs d'équilles

Ah les bougres!


On ne peut cependant s'empêcher d'évoquer - troisième hypothèse- à cette occasion la réputation désastreuse des cavaliers bédouins qui pendant la campagne d'Egypte avaient pris pour habitude de harceler les trainards de l'armée française et de faire subir à nos pauvres soldats, tout émoustillés qu'ils étaient par leur peau blanche et douce, les derniers outrages...Et si par hasard un des cavaliers de l'escorte en avait conservé le souvenir...cuisant? Non, le surnom ne peut venir de là...sinon gageons que certains ne se vanteraient plus...d'en être! cf compte rendu de la séance du conseil municipal du 24 mars...


Bonaparte au Caire


De toute évidence Napoléon quand il n'était que Bonaparte ne portait pas les Bédouins (les vrais cette fois) dans son cœur: voici ce qu'il en disait dans une lettre adressée en 1798 au Directoire: "Il est difficile de voir une terre plus fertile et un peuple plus misérable, plus ignorant et plus abruti..." Finalement il vaut peut-être mieux être Racachi !.

Quand on n'est pas Bédouin on est Racachi!



Le terme " racachi" est bien connu du patois normand, de la pointe de la Hague au Pays de Caux ou selon sa forme, verbale adverbiale ou substantive, il peut revêtir plusieurs sens. Si l'on en croit le dictionnaire "Magène" le verbe "se racachir" signifie "revenir" ou "rentrer", à racachie veut dire "en très grand nombre", "en bande", une racachie étant "une grande quantité". L'acception purement ouistrehamaise en fait un "horsain" et c'est purement local. Local mais transitoire car il suffit d'une génération pour qu'un racachi engendre un bédouin. Les deux sont indissociablement liés puisque tout bédouin ou bédouine a besoin pour se perpétuer d'un racachi ou d'une racachie pour éviter toute consanguinité. C'est d'ailleurs le cas de tonton Bédouin qui en fait n'est qu'un racachi qui a eu la chance de rencontrer une bédouine...bon, bon on s'égare...

Le racachi, un bonbon ? 



A propos de bonbon d'ailleurs il faut savoir que vers 1930, rue de la mer, on suçait le racachi... si l'on en croit du moins une réclame diffusée par le Syndicat d'Initiative de Ouistreham-Riva-Bella dans une jolie brochure à couverture rouge et qui proclamait "Demandez partout "le Racachi" le bonbon si réputé de Riva-Bella".




 Réclame vers 1930