02 avril 2015

Ouistreham, à voile ou à vapeur ...

La rubrique de "Tonton bédouin"


Ouistreham, à voile ou à vapeur ...


Pour la voile, LPB attendra l’hypothétique arrivée de Bourgnon ou l’encore plus hypothétique extension du port de plaisance pour écrire un article, mais pour la vapeur, ou le moteur diesel plutôt, il évoquera deux navires qui ont porté sur les mers du globe le doux nom de notre ville préférée. Autre point commun entre les deux bâtiments, leur origine puisqu’ils sont issus de l’aide que les Etats Unis apportèrent à l’Europe dévastée après le second conflit mondial ; de ce que l’on englobe parfois de manière un peu générale sous le terme de « plan Marshall ».

OUISTREHAM, un des « navires de la liberté »

La fameuse « immense industrie de Etats Unis » évoquée par le général de Gaulle dans son appel à la Résistance construisit entre 1941 et 1945, 2 710 navires « liberty ship ». Rapides à construire (le record fut de moins de cinq jours !) et d’un faible coût de production, ces cargos furent cédés à la fin des hostilités aux pays européens exsangues et dont la marine était à reconstituer. En vertu de la loi Lend-lease, en français « prêt-bail » (LPB  n’y peut rien, ça s’appelle comme ça, il a bien essayé de remplacer par ledran ou chauvois mais ça ne veut rien dire et ce n’est pas retraduisible en anglais !), le gouvernement américain remit à la France 75 cargos de ce type par le biais des accords « Blum-Byrnes » de 1946. Navires qui furent ensuite confiés à des armateurs français ; c’est ainsi que deux cargos, le Caen et le Ouistreham échurent en gérance en 1945 à la Société Navale Caennaise qui sur les seize bâtiments qu’elle possédait en 1940 n’en comptait plus que quatre en 1944 ; à charge pour elle de les utiliser au mieux des intérêts de l’économie nationale renaissante.
Les deux « liberty ship » furent exploités au « tramping » une navigation à la demande en fonction du fret disponible. Le Ouistreham avait été lancé en 1943 sous le nom de Robert R. Randall par les chantiers navals de South Portland. Long de 134 m, large de 17, il accusait 10 000 tonnes de port en lourd. Ses machines d’une puissance de 2 500 cv le propulsaient à 11 nœuds. Sa navigation sous le pavillon rouge blanc noir de l’armateur caennais cesse en 1953. Rétrocédé aux Messageries Maritimes, il est affecté aux lignes d’Extrême Orient sur lesquelles il transporte entre autres le corps expéditionnaire français en Indochine. En 1955 il passe sous pavillon Louis Dreyfus puis Goldschmidt en 1960 et Delmas-Vieljeux en 1963. Désarmé au Havre en juillet 1968, le valeureux navire terminera ses jours sous le nom d’Avian et sera démoli à Shanghai en mai 1969.

 Un « liberty ship » vers 1964 dans le grand sas flambant neuf

Le « liberty ship » Ouistreham

OUISTREHAM, le dragueur a bonne mine !

Celui-là est plus connu car il est plus jeune et a parfois fréquenté, certains de nos lecteurs s’en souviendront, les quais de notre cité. De plus la commune était sa marraine et, s’ils n’ont pas été vendus récemment aux enchères, il doit en rester quelques souvenirs dans les placards de la mairie : fanions, tape-de-bouche ou photographies. Demandez à les voir à Madame la maire adjointe en charge de la culture. Elle ne refusera pas de vous les montrer. C'est notre patrimoine commun ! 
Le dragueur de mines Ouistreham est un des quinze dragueurs océaniques de type MSO construits aux Etats-Unis et transférés à la France au titre du "Mutual Defense Assistance Program" (MDAP). D’une longueur de 50 m il était propulsé à près de 14 nœuds par deux moteurs GMC de 1600cv. Sa coque portait à l’avant le matricule M610. Mis sur cale le 21 octobre 1954, lancé le 30 juillet 1955, il fut mis en service le 7 mars 1957. Son équipage comportait cinq officiers et une cinquantaine de quartiers maîtres et matelots. Dernier de ce type de navire à être désarmé, il quitta le service actif en octobre 1994. Il reste bien vivant dans le souvenir de nombreux Ouistrehamais et des conscrits qui effectuèrent leur service militaire à bord de ce navire à haute technologie et qui le surnommaient le ouistiti.
Promis la prochaine fois LPB vous parle d’autres navires, de « galères » par exemple…

Le dragueur de mines océanique Ouistreham