11 mars 2019

New age ou nouveau délire ?

A Ouistreham vous pourrez bientôt faire du co-working en open space avec un fab-lab en utilisant l'outil-thèque au sein du tiers-lieu ! Une nouvelle « révolution industrielle » est en route sur la ville pour une société collaborative et une ville interactive. Le numérique est devenu pour le maire porteur d’espoir de développement du territoire après les relations franco-britanniques ! Évidemment si ce n'était pas Romain Bail qui présentait le projet on regarderait attentivement mais avec lui ...

Au lieu d'une médiathèque ...


Le centre socioculturel de Ouistreham (CSC), ouvert en 2010, devait être achevé après 2014, une partie basse n’étant pas terminée. Cette partie du rez-de-chaussée devait accueillir une médiathèque, équipement intergénérationnel, accessible, convivial et troisième lieu de vie à coté du lieu de travail et de la maison. Concertations, études préalables, projet scientifique et technique, concours d’architecte et avant projet étaient achevés, présentés et payés. Les demandes de subventions étaient en cours lors du changement de municipalité. Le projet s’est donc arrêté net, refusé par un Romain Bail obnubilé par son centre des relations franco-britanniques (CRFB) ! Depuis près de cinq ans la partie inachevée du Centre est le lieu de différents trafics mais sert aussi de dortoir aux migrants.


projet de médiathèque et espace numérique

Après avoir vilipendé à de nombreuses reprises ce centre socioculturel en raison de son coût de construction et de ses coûts en personnel, Romain Bail opère un grand virageconsent à achever le rez-de-chaussée en créant un « tiers lieu ».

...un tiers lieu à Ouistreham …


C’est Monsieur Hitier qui a eu l’insigne honneur de présenter ce qui figurait au point 6 des débats du Conseil Municipal du 25 février 2019 à savoir le « projet de création d’un tiers-lieu dans le centre socioculturel ». Après lecture, ce dernier concluait joyeusement son exposé par "Je fais confiance à Monsieur le maire sur ce sujet!" avec un sourire complice. Il est bien le seul !

La municipalité va donc aménager 753 m2 en « tiers-lieu » avec : un Fab-Lab et une outil-thèque, une salle de co-working, une salle de réunion et de formation, deux bureaux, un espace d’accueil partagé avec le centre socioculturel, un espace radio, un espace reprographie, un espace kitchenette, et deux toilettes … pour un budget estimé à 697 586 € HT donc plus de 800 000€ TTC. Romain Bail prévoit le lancement des travaux au début de l’année 2020. "Un projet généralement porté par des municipalités de gauche" constate le maire en conseil municipal et qui constitue un échelon "de démocratie participative" ! (lien)

Ouah…   quelle transformation « édilique » ! Comme la pluie abreuve enfin une terre aride, Romain fut touché par la grâce participative : il va terminer un projet lancé par son prédécesseur pour un espace de rencontres entre personnes de compétences variées qui n’ont pas forcément vocation à se croiser !  C’est une vraie révolution existentielle ! 

Mais le vote a été reporté au prochain conseil municipal du 18 mars 2019 car ni l’opposition, ni une partie des membres de la majorité ne connaissaient le projet : aucun document écrit, pas de projet formalisé, la visite du Dôme à Caen prévue n’avait pas eu lieu (lien) ! Une telle visite devait permettre aux élus de se familiariser avec ces espaces collaboratifs (recherche et innovation scientifique dans le cas du Dôme)  mais doutons que ce tiers-lieu caennais, très spécifique, soit le modèle à retenir pour Ouistreham !  Un tiers-lieu doit naître de la volonté de faire émerger un projet et non l’inverse…. On est loin du compte à Ouistreham ! On lira avec intérêt le démarrage du tiers-lieu de la rive droite de Caen où le projet se construit avec les habitants et dans la durée.(lien)
  

… c’est quoi ?


La notion de « tiers-lieux » (The Third Place) est apparue en 1989 dans « The Great Good Place », un livre de Ray Oldenburg, sociologue américain. C'est tout lieu de sociabilité autre que la maison et le travail. Il s’agit d’un lieu fréquenté quotidiennement par ses usagers.


Ces « tiers-lieux » permettent de répondre à plusieurs défis auxquels les élus sont souvent confrontés :
  • les difficultés de mobilités pour les salariés des aires urbaines,
  • l’attractivité économique de la commune en utilisant des locaux vides,
  • l’émergence d’une nouvelle économie collaborative et le manque de lieux favorisant son développement,
  • le développement durable en limitant l’usage de la voiture…

En France on dénombre plus de 1800 tiers-lieux qui sont d’une étonnante diversité. Ils préfigurent les nouvelles manières de travailler, explorent des voies de créativité et d’innovation, répondent souvent aux besoins de la jeunesse et intéressent les entreprises. Ils drainent parfois des activités de proximité, encouragent les circuits courts, le partage et la réutilisation des ressources, le recyclage... La transition numérique y est évidemment un atout …. 

Certains tiers-lieux sont à vocation culturelle (liens entre les acteurs de la culture du territoire), d’autres à vocation sociale (structurés autour des acteurs de l’économie collaborative, sociale et solidaire par exemple), ou encore purement numérique. Les "co-working spaces" sont des espaces de travail partagés pour télétravailleurs ou indépendants. Certains relèvent du service public comme des conciergeries solidaires, des commerces multiservices, des laboratoires d’innovation publique…


Mais ces lieux sont encore émergents, avec un équilibre difficile à atteindre et des freins administratifs, culturels… ce fut très net au Conseil municipal dernier où une partie de la majorité était pour le moins sceptique ! Une réflexion approfondie sur la gouvernance est une première condition de réussite. L’animation est aussi un facteur primordial de dynamisme et de pérennité des espaces collectifs. Hélas Romain Bail propose de déplacer une personne du Centre socioculturel vers ce « tiers-lieu » et c’est déjà refuser de reconnaître un métier émergent. 

Enfin le tiers-lieu est une démarche collective. Il ne peut se déployer s’il n’est pas porté par un collectif large qui le fait vivre au quotidien pour répondre aux critères, intérêts, attentes et talents du groupe. Pas sûr que la réflexion de R. Bail sur le sujet ait atteint  ce stade.


 Notons que les "porteurs" pour la Région sont à la fois 
les collectivités, les entreprises et les associations !  
Est-ce le cas à Ouistreham ? On en doute !


Un nouveau vocabulaire

Quelques mots vont désormais avoir cours sur Ouistreham !

CO-WORKING : c’est un type d’organisation du travail qui regroupe à la fois un espace de travail partagé, mais aussi une communauté de co-workers, c’est-à dire de travailleurs encourageant l’échange, l’ouverture et la collaboration

FAB-LAB (abréviation de Fabrication laboratory) : c’est une plate-forme ouverte de création et de prototypage d’objets physiques, «intelligents» ou non. Il regroupe un ensemble de machines à commande numérique de niveau professionnel, mais standards et peu coûteuses.

HAKERSPACE(ou hacklab) : c’est un espace dédié à des ateliers spécifiques, autour d’un outil ou d’un projet numérique, qui rassemblent des groupes de passionnés possédant un intérêt commun. Ils fonctionnent comme des centres pour le partage et la transmission de connaissances

MAKERSPACE : Il regroupe savoir-faire numériques (community manager, web designer, roboticien, etc.), artisanaux (menuisiers, stylistes, créateurs de bijoux, maroquiniers, etc.) et artistiques (street artistes, plasticiens, sculpteurs, designers, etc.)
...

Ces nouveautés ouistrehamaises donnent davantage l'impression d'un rush pour faire oublier le bide du CRFB avec sa gabegie abyssale et permettre d'attribuer encore quelques marchés aux entreprises du BTP avant la fin du règne baillesque. Oubliées les économies, on sort le chéquier et on arrose !

Pour en savoir plus sur les tiers-lieux 




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