10 novembre 2018

Glorieux passé industriel

Tonton Bédouin raconte...

En passant par nos écluses, l’épopée des chantiers navals


Les Chantiers Navals Français ont été fondés le 27 octobre 1917. Leur principal établissement, construit à partir de 1918, est à l’époque celui de Blainville sur Orne qui s’étendra également sur le territoire des communes de Colombelles et d’Hérouville Saint Clair. Les pertes importantes subies par la marine française pendant le premier conflit mondial tant sur le plan civil que militaire permettent aux chantiers de tourner à plein régime pendant les années 20. Cargos, chalutiers, pétroliers mais aussi sous-marins ou torpilleurs se succèdent dans les impressionnantes nefs en béton armé conçues par l’ingénieur Albert Caquot. Des commandes émanent de la France mais aussi de plusieurs pays étrangers comme la Pologne, la Grèce ou l’URSS. Aux navires s’ajoutent pontons, grues, chaudières et aussi charpentes métalliques.
La société employa jusqu’à 2 500 salariés ; des « œuvres sociales » telles que coopérative, équipes sportives, harmonie ou salle de cinéma virent le jour tandis que de nombreux logements ouvriers étaient mis à disposition du personnel. L’hôtel des célibataires, la cité des Brandons ou celle des Banquets à Blainville n’ont disparu que récemment du paysage.


 Le contre-torpilleur Le Terrible

Ce contre-torpilleur Le Terrible, qui établit le record du monde vitesse pendant ses essais à Lorient (45 nœuds soit près de 84 km/h !) est sorti des cales de Blainville en novembre 1932. Superbe vaisseau aux lignes aérodynamiques, il participe aux combats de la seconde guerre mondiale sous trois pavillons différents et successifs puis est affecté à l’escadre de la Méditerranée. Il termine sa carrière à partir de 1955 comme annexe non navigante de l’école navale puis il est ferraillé au début des années 60. Le cliché plutôt rare le montre flambant neuf sortant du port de Ouistreham le 22 novembre 1934. Il n'est pas encore équipé de ses tourelles.

La crise de 1929, malgré les commandes passées par l’État pour la Marine nationale va entraîner une baisse d’activité des chantiers qui fermeront en 1934 et seront mis en liquidation en 1936.


A partir de 1940, l’occupant tentera de relancer l’activité mais la pénurie de matières premières et la … remarquable et patriotique inertie du personnel réquisitionné feront qu’aucun des navires mis sur cale ne sera terminé lors de la Libération.
Sur cette carte postale postée en août 1933 par une famille en vacances, 
on distingue le pétrolier soviétique Neftesyndicat construit à Blainville quittant le port entre les deux jetées de bois, tracté par le remorqueur Calvados.

Les chantiers ont été relativement épargnés par les bombardements alliés et l’activité pourra reprendre dans le contexte d’un pays sinistré. Dès 1945 et jusqu’en 1953 de nombreux bâtiments de petit ou de moyen tonnage sortiront des cales des désormais « Chantiers Navals de Caen ». 

Les restructurations industrielles de l’après-guerre et le handicap constitué par un canal et des écluses sous-dimensionnés pour des navires dont la taille augmente auront raison des chantiers. Le dernier navire, l’Antée, un cargo de la Société Navale Caennaise sera lancé le 14 octobre 1953. Plus tard, en 1957, les bâtiments repris par la S.I.B. société issue de la fusion des constructeurs Latil, Renault et Somua, verront naître la SAVIEM mais c’est une autre histoire…

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