11 juillet 2018

Sword beach, business et politique

Retour sur le Liberty Concert 


Nombreux sont ceux qui se sont interrogés pour savoir d'où était partie cette idée de Liberty concert. Est-ce un concept novateur ? Eh bien... pas du tout puisqu'un "World Liberty Concert" eut lieu le 8 mai 1995 à Arnehm aux Pays Bas auprès du célèbre John Frost Bridge rendu populaire par le film "Un pont trop loin" (opération Market Garden) pour célébrer le cinquantième anniversaire de la libération (lien) : 12 heures de musique, 85 000 spectateurs, des chars traversant le pont dans une mise en scène un peu kitsch.





Le Liberty Concert cherche donc vraisemblablement à reprendre cette représentation, mélange de spectacle, de stars, de paillettes, et à l'imposer en France sur Sword Beach. Mais la maladresse avec laquelle fut conçu et présenté le show (entrées à 75 €, lieu chargé de combats et d'histoire, artistes annoncés ou approchés, une date inacceptable, le 6 juin …) font naître de sérieux doutes quant à l'aspect hommage, mémoire et engagement.

Mélange de show-business et de politique ? Un des concepteurs, Ilco van Der Linde, est en effet un membre éminent du Partij van der Arbeib (lien), un parti politique néerlandais (lien). Il s'est présenté aux élections en mars 2017 mais n'a pas été élu. Il a d'ailleurs organisé des concerts pop dans le cadre de sa campagne électorale.

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Vers d'autres expériences ?

Cependant depuis plusieurs années, aux Pays Bas, la "Bridge to liberation experience" le 21 septembre, date, en 1944, de la fin des combats autour du pont, organise un spectacle d'une grande tenue favorisant les échanges artistiques pour la promotion de l'idéal de la paix. C'est certainement davantage vers ce type de schéma qu'il faudrait s'orienter si d'aucuns souhaitent organiser un évènement mêlant faits historiques et spectacle et en prenant soin de consulter les vétérans et leurs familles et surtout d'éviter une nouvelle polémique en choisissant un lieu et une date adaptée.




Autre exemple : Amsterdam commémore le jour de l’Armistice le 4 mai, et célèbre joyeusement le jour de libération le 5 mai, avec des concerts de plein air et des festivités  partout dans la ville.



En conclusion


Les maladresses, les omissions, la précipitation, le manque de culture historique jettent un discrédit total sur les organisateurs du Liberty Concert. Des vétérans blessés par ce projet le font savoir sur le site de la pétition :



John Millin à rédigé un post sur la page Facebook de Romain Bail


Par ailleurs la France regorge de talents pour réaliser de tels spectacles, alors pourquoi aller chercher ailleurs ce que nous avons ici ? Il serait temps que des gens compétents reprennent la main dans cette histoire et que l'on cesse de mélanger commémorations et festivités.

Comme l'écrit efficacement et élégamment le blog du guide des plages du débarquement  "Fausses notes pour un concert géant", (lien), c'est encore un beau gâchis, une grosse polémique dont les vétérans et leurs familles se seraient bien passés et des liens franco-britanniques encore chahutés à Ouistreham après l'affaire du faux mail du Normandy Mémorial Trust.

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