Le Petit Bédouin, essayant de coller à l'actualité politique (avec un Premier Ministre qui scande «J'aime l'entreprise !»), a souhaité faire un nouveau focus sur une entreprise implantée à Ouistreham et avec laquelle la commune est associée, la Brittany Ferries et son fondateur.
Chaque jour, habitants de Ouistreham ou simples touristes, nous voyons les colonnes de fumées sortant des tuyères des navires blancs de la Brittany Ferries en partance ou en provenance de la perfide Albion et plus précisément de la ville de Portsmouth (De grâce, merci de respecter la prononciation de Portsmouh car cela énerve le maire de Ouistreham. Ainsi le « th » à la fin de Portsmouth se prononce avec le bout de la langue entre les deux lèvres soit en langage phonétique international : [pɔːtsməθ]. Si vous n'y arrivez pas, mettez-vous devant une glace et lorsque vous vous trouvez grotesque et que vos postillons ont atteint votre miroir, c'est que c'est « Good » pardon « Bon » !). Mais reprenons le développement de l'article. …..
L'histoire de la société se confond avec celle de son concepteur
Connaissez-vous l'histoire de cette compagnie maritime au nom "so british" et pourtant bien "Made in France" voire "Konsevet e Breizh".
L'histoire de la Britanny Ferries sera éternellement liée à son initiateur, son fondateur, Alexis Gourvenec. Il en sera, jusqu’à sa mort en 2007, son Président Directeur Général surnommé le Paysan Directeur Général.
Alexis Gourvennec, fils de paysan est né à Henvic en 1936.Après une enfance passée à se cacher derrière les menhirs ou à courir dans la lande de la Vallée de DANA immortalisée par le chanteur Manau (Pour celles et ceux qui ne comprennent pas ce clin d'oeil : voir le lien), il veut devenir agriculteur comme ses parents. Membre de la JAC (Jeunesse Agricole Chrétienne), mouvement très influent à cette période en Bretagne, et syndicaliste agricole, il devient rapidement l'un des leaders des manifestations de paysans bretons dans la continuité de la révolte des «bonnets rouges» lors de la "Révolte du papier timbré" sous le règne de Louis XIV.
A 21 ans en effet, syndicaliste rebelle et meneur d'hommes, il prend la tête d'une révolte paysanne à Morlaix, après une prise d'assaut de la sous-préfecture. Il passera une nuit en prison. Les paysans arrachent au gouvernement une loi d'orientation agricole qui légalise une nouvelle organisation des marchés aux légumes et qui permet aux agriculteurs de ne plus se plier aux exigences des négociants. C'est dans ce contexte que naît la SICA (Société d'Intérêt Collectif Agricole) de Saint-Pol-de-Léon et son marché au cadran, un système fondé sur la loi de l'offre et de la demande. Le comité régional fruits et légumes est créé dans la foulée pour coordonner l'activité les groupements de producteurs des autres départements bretons. Tous vendent désormais leur production sous la même marque «Prince de Bretagne».
En 1967, soutenu par les experts du Comité d’Études et de Liaison des Intérêts Bretons (CELIB) et de la Société d’Économie Mixte du Nord Finistère (SEMENF) il se lance dans un projet fou, résultant comme le disent certains à la sortie de Fest-Noz, de délires hallucinogènes dus aux effets secondaires des gaz lacrymogènes inhalés durant sa jeunesse militante. Ce projet phare (far breton ! facile je sais... mais c'est la fatigue d'un été sans vacances passé à travailler) envisage de donner aux agriculteurs du Nord-Finistère les moyens d'exporter leur production directement chez leurs cousins anglais en créant une compagnie maritime !
A 21 ans en effet, syndicaliste rebelle et meneur d'hommes, il prend la tête d'une révolte paysanne à Morlaix, après une prise d'assaut de la sous-préfecture. Il passera une nuit en prison. Les paysans arrachent au gouvernement une loi d'orientation agricole qui légalise une nouvelle organisation des marchés aux légumes et qui permet aux agriculteurs de ne plus se plier aux exigences des négociants. C'est dans ce contexte que naît la SICA (Société d'Intérêt Collectif Agricole) de Saint-Pol-de-Léon et son marché au cadran, un système fondé sur la loi de l'offre et de la demande. Le comité régional fruits et légumes est créé dans la foulée pour coordonner l'activité les groupements de producteurs des autres départements bretons. Tous vendent désormais leur production sous la même marque «Prince de Bretagne».
En 1967, soutenu par les experts du Comité d’Études et de Liaison des Intérêts Bretons (CELIB) et de la Société d’Économie Mixte du Nord Finistère (SEMENF) il se lance dans un projet fou, résultant comme le disent certains à la sortie de Fest-Noz, de délires hallucinogènes dus aux effets secondaires des gaz lacrymogènes inhalés durant sa jeunesse militante. Ce projet phare (far breton ! facile je sais... mais c'est la fatigue d'un été sans vacances passé à travailler) envisage de donner aux agriculteurs du Nord-Finistère les moyens d'exporter leur production directement chez leurs cousins anglais en créant une compagnie maritime !
En 1972 sous son impulsion, il créé la BAI-SA (BAI : Bretagne, Angleterre, Irlande) avec le financement de la SICA de Saint-Pol de Léon et de la Chambre de commerce de Morlaix. Partie prenante de ce projet, la ville de Roscoff construit entre 1970 et 1972 le port en eaux profondes de Roscoff-Bloscon pour permettre l'exploitation de cette nouvelle compagnie maritime.
En 1973, la première traversée de la Manche est effectuée avec le Kérisnel. Au terme de cette première année d'exploitation, le bilan affiche 18 000 personnes transportées, 6 000 camions pour un chiffre d'affairesde 7,7 millions de francs. Pour augmenter le trafic, le Penn-Ar-Bedest lancé.
La Brittany Ferries se développe très vite
En 1974, la BAI SA deviendra la Brittany Ferries dont le capital sera détenu à 65 % par des agriculteursbretons associés à ce projet. En 1976, la compagnie achète L'Armorique et la ligne Saint-Malo - Portsmouthest créée. Deux autres ferries rejoignent la flotte en 1978, le Cornouailleet le Prince of Brittany et leslignes Roscoff - Corket Plymouth - Santander sont ouvertes. La même année, la Britanny Ferries devient tour-opérateur.
En 1982, conséquence de son développement économique exponentiel,le capital social de l’entreprise est porté à 140 millions de francs et le navire Quiberonprend du service.
Durant l'année 1984, la Britanny Ferries ne fera pas parler d'elle...C'est la naissance de Romain Bail (LPB ne parle pas de relation de cause à effet évidemment !). C'est aussi le succès de « Sex Crime (Nineteen Eighty Four) » du groupe Eurythmics, titre musical que vous pouvez retrouver en cliquant sur ce lien. (LPB, là encore, ne fait aucun lien. LPB se contente de contextualiser !)
Au cours de l'année 1985, la Britanny Ferries rachète la compagnie Truckline Ferries et récupère deux bateaux de fret le Coutances et le Purbeck. Avec la mise en place de la SENACAL (Société d'Equipement Naval du Calvados) et l'acquisition du Duc de Normandie, la Brittany Ferries s'installe en Normandie et ouvre la ligne Ouistreham - Portsmouth, le 6 juin 1986. Cette ligne devient rapidement l'une des plus fréquentées. Est également mise en service, une nouvelle ligne reliant Cherbourg à Poole. En 1986, 1 142 000 de passagers sont transportés par la compagnie.
En 1989, c'est l'achat de trois nouveaux bâtiments : Normandie Shipper(fret sur la ligne Ouistreham - Portsmouth), Trégastel(Cherbourg - Poole) et Bretagne (Plymouth - Santander et Roscoff - Plymouth - Cork). En 1990, Brittany Ferries aura transporté 2 639 000 passagers et 3 millions en 1994 malgré l'ouverture du tunnel sous la Manche.
En 2003, un nouveau navire, le Mont-Saint-Michelest mis en service sur la ligne Ouistreham - Portsmouth, suivi par le Pont-Aven en 2004. En 2005, la compagnie affrète le Normandie Express, un catamaranrapide, capable de relier Ouistreham à Portsmouth en trois heures de juin à septembre. Le chiffre d’affaires 2005 de la société s’établit à 364,4 millions d’euros, en hausse de 5,1 % par rapport à l’année précédente. En 2006, le Val de Loireest remplacé par le Pont-l'Abbé. En 2007 voit lamise en service sur la ligne Cherbourg - Poole et, Poole - Santander le week-end, du ferry de transport de fret Cotentinavec une capacité de 120 unités fret.
Le chiffre d'affaires en 2009 s'établit à 332,3 millions d'euros avec 2 571 000 passagers, 789 000 véhicules de tourisme et 196 000 véhicules industriels. 85 % des clients sont britanniques. Le nouveau navire L'Armoriqueeffectue sa première traversée commerciale le 10 février 2009 et voit l'ouverture d'une nouvelle ligne Portsmouth - Santander.
En 2013, le Cotentin est affrété par la compagnie suédoise STENA LINE sur la ligne Karlskrona-Gdynia sous le nom Stena Baltica.
Cette année, par un contrat d'un montant de 270 millions d'€, la compagnie a passé commande à STX France (Chantier de l'Atlantique de Saint-Nazaire) pour la construction d'un ferry fonctionnant au gaz naturel liquéfié, avec une livraison prévue en 2016. Ce navire, Pegasis (Power efficient gaz innovative ship), pourra embarquer 2 450 passagers, 650 voitures et 60 camions.
En un peu plus de 40 ans, ce paysan breton, syndicaliste aura fait de la Britanny Ferries le premier transporteur maritime transmanche sur le trafic passagers et fret, avec à ce jour 10 navires battant pavillon français, reliant 9 ports dans 4 pays et 2.500 employés permanents soit 20 % des effectifs de la marine marchande française pour un chiffre d'affaires de 365 millions d'euros.
Cette année, par un contrat d'un montant de 270 millions d'€, la compagnie a passé commande à STX France (Chantier de l'Atlantique de Saint-Nazaire) pour la construction d'un ferry fonctionnant au gaz naturel liquéfié, avec une livraison prévue en 2016. Ce navire, Pegasis (Power efficient gaz innovative ship), pourra embarquer 2 450 passagers, 650 voitures et 60 camions.
En un peu plus de 40 ans, ce paysan breton, syndicaliste aura fait de la Britanny Ferries le premier transporteur maritime transmanche sur le trafic passagers et fret, avec à ce jour 10 navires battant pavillon français, reliant 9 ports dans 4 pays et 2.500 employés permanents soit 20 % des effectifs de la marine marchande française pour un chiffre d'affaires de 365 millions d'euros.
Voila l’œuvre de ce Paysan Directeur Général !!!!
Et Ouistreham et le Calvados dans tout cela...
En 1984 avec la DDE (Direction Départementale de l'Equipement) et la CCI (Chambre de Commerce et de l'Industrie), le conseil municipal sous l'impulsion de André Ledran donnait son accord pour le projet de gare maritime, sous réserve de la réalisation de certains travaux comme l'achèvement accéléré de la 4 voies reliant Ouistreham à Caen. Ce projet était pris en charge par l’Etat, la CCI, la Région et le Département. La société d’économie mixte, la SENACAL, est alors créée pour acquérir le Duc de Normandie. En 1992, elle inaugure un nouveau ferry qu’elle a fait construire : le Normandie. En 1997, la ville de Ouistreham est entrée dans le capital de la SENACAL pour 1 200 000 F aux côtés de la ville de Caen, du Calvados, de la Basse-Normandie et de la Brittany Ferries. La construction d’une deuxième passerelle, la mise en service du Normandie et l'extension des terre-pleins constituent une étape importante avant le nouveau ferry construit et mis en service en 2002, le Mont-Saint-Michel.
Ouistreham est, comme indiqué ci-dessus, l’un des principaux ports de passagers et de véhicules vers l’Angleterre : 3 arrivées et 3 départs par jour. Ce sont annuellement près d’un million de passagers, 240.000 véhicules et plus de 125.000 camions. C’est aussi 600 emplois en hiver et 800 en été auxquels il faut ajouter les emplois liés : sous-traitance, approvisionnements, transports, services portuaires, etc.
LPB ne dresse pas un tableau idyllique de cette société et n'oublie pas que des conflits sociaux rudes au sein de l'entreprise ont existé comme le dernier en 2012. LPB n'oublie pas non plus les employés précaires travaillant pour cette compagnie comme a pu le relater Florence Aubenas dans son livre «Sur le quai de Ouistreham» (Edition de l'Olivier). L'entreprise c'est aussi des salariés qui y travaillent et qui permettent à celle-ci de se développer !
Pour en savoir plus
Retrouvez le portait en vidéo de Alexis Gourvenec : http://fresques.ina.fr/ouest-en-memoire/fiche-media/Region00074/portrait-d-alexis-gourvennecSources
Site de la Brittany Ferries : http://corporate.brittany-ferries.com/histoire-saga-bf.aspxWIKIPEDIA : http://fr.wikipedia.org/wiki/Brittany_Ferries