03 juin 2018

Un ténor défend l'EIMO

Cyril DUBOIS, ténor reconnu, défend l'Ecole Intercommunale de Musique de Ouistreham sur sa page Facebook. Ancien élève de cette Ecole il n'a pas oublié ces premières années musicales et le premier tremplin qu'elle fut pour lui. Il a rédigé une lettre ouverte magnifique, au maire de Ouistreham et au Président de la Communauté d'agglomération de Caen-la-mer, que nous avons décidé de publier pour ceux qui ne l'auraient pas lue sur la page  Facebook de "SOS - Ecole de Musique de Ouistreham".
Lettre ouverte au Maire de Ouistreham Riva-Bella et au Président de la Communauté d'agglomérations de Caen-la-mer.

Messieurs,

Je viens d'apprendre avec consternation la décision de la majorité de la municipalité de Ouistreham Riva-Bella de réduire les heures allouées à l'école de musique de Ouistreham.
Maintenant chanteur professionnel reconnu, je suis moi même passé sur les bancs de cette école de musique avant de rejoindre ceux du conservatoire de Caen puis bien plus tard ceux de Paris. Si j'ai pu suivre ce parcours, c'est parce que le maillage local des "petites écoles de musique" a su me mettre sur les bons rails et proposer un enseignement de qualité qui m'a permis sans mal d'intégrer ensuite les horaires aménagés de la maîtrise de Caen.

J'avais salué la volonté de créer une salle de spectacle sur la côte, répondant à un besoin évident du territoire et j'espère toujours qu'elle pourra voir le jour. Mais aujourd'hui cette décision de réduction d'heures vous emmène sur une pente dangereuse. À l'heure ou l'obscurantisme rampe dans le cœur de nos territoires et croît dans les esprits, le besoin de culture n'a jamais été aussi urgent. La musique est un langage universel qui a toujours fédéré, rassemblé les amoureux de cet art (professionnels comme amateurs) pour élever les consciences et apporter du baume aux difficultés de la vie.

Il faut impérieusement s'affranchir des logiques comptables pour conserver cette belle exception! Je conçois qu'une petite commune ne puisse supporter seule les charges d'une école de musique ambitieuse, mais la communauté de communes (ou d'agglomérations) doit alors prendre sa part et réfléchir au maillage à développer au sein de son territoire pour ne pas laisser peu à peu les communes périphériques se vider d'infrastructures de qualité. L'accès à la culture ne peut se limiter aux centres villes! Et plutôt que de regrouper tout dans les métropoles, il faut une volonté politique farouche pour défendre ces structures décentralisées.

C'est en tous cas bien mal rendre hommage au travail d'André Bellis créateur visionnaire de cette structure, récemment décédé, et de ses successeurs que de sauter sur la première occasion ou la première difficulté pour supprimer des crédits. Cette école de musique a depuis longtemps fait ses preuves. C'est pourquoi je ne comprends pas cette décision et à l'heure où les listes d'attentes sont aussi longues, les explications budgétaires ne sauraient la légitimer!

C'est pourquoi je vous supplie de revenir sur cette décision de suppression d'heures et vous invite à engager une véritable réflexion sur votre vision culturelle avec les acteurs locaux du monde de la musique  (qui semblent décidément bien mal considérés suite aux récents problèmes du conservatoire et maintenant de cette école de musique). Je resterai pour ma part toujours attentif à ces entités qui m'ont construit et auxquelles je rends régulièrement hommage et suis toujours disponible pour partager une vision alternative sur la place de la musique dans le territoire (bas)-Normand.

La culture et la musique se parent de nombreux visages, certains sont plus accessibles que d'autres: d'aucuns préfèrent la variété, d'autres la musique savante. L'une comme l'autre sont nécessaires et l'une ne saurait vivre sans l'autre. (Même ceux qui deviennent des artistes grand public passent un jour par le langage de la musique classique). Aussi loin d'être un investissement élitiste, la musique en général est un pari sur l'avenir qui permettra peut-être à des enfants en mal de repères dans des parcours "standards" de trouver leur voie et de s'accomplir, de se découvrir un nouvel univers! Ou à des adultes, d'approfondir leur passion.... Cela ne donnera pas de résultats aujourd'hui, ni même au crépuscule de vos mandats, il faut 20 ans pour récolter les fruits d'une politique volontariste dans la culture…

Ma question est: Aurez vous le courage de porter cette ambition pour la Culture?

Respectueusement.

Cyrille Dubois
Sources

  • page Facebook de "SOS - Ecole de Musique de Ouistreham".
  • page Facebook de Cyril Dubois
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