12 décembre 2015

Le musicien du D-Day

Nous allons vous conter les réflexions du musicien du D-DAY. Que le ton un peu léger ne vous trompe pas, nous trouvons toujours totalement révoltant et grossier, le projet de faire payer l’accès à la plage du débarquement de Sword Beach. Cette plage n'est pas seulement un lieu de loisir, c'est un lieu de recueillement et de mémoire. Vouloir faire de l'argent avec celle-ci témoigne d'une vision mercantile de l'histoire tout simplement honteuse.




Le musicien du D-Day s'est écrié : "Par saint George que leur est-il passé par la tête de me mettre ainsi, moi le «piper Bill», face au parking ! Auraient-ils abusé de mon whisky préféré ? Une statue, quelle bonne idée pour m’immortaliser, moi le highlander à la cornemuse que les balles n'ont jamais pu traverser, mais ils auraient pu faire attention à bien m'orienter ! Vers Bénouville ou Berlin, que sais-je ? Mais aux dernières nouvelles je n'ai jamais mis le cap au sud ouest vers le Cotentin ou Cherbourg !


Il m'arrivait parfois de gravir une colline, là bas en Ecosse, j'envoyais mes notes de musique à m'en faire éclater les poumons et les tympans face à la mer déchaînée. Heureux moments précédant des heures plus tragiques et sombres. J'aurais été bien face à la mer, là où mes camarades ont posé le pied sur cette terre de France pour la libérer du joug nazi ! 

Moi, l'unique soldat, parmi des milliers, à débarquer seulement armé d'un instrument de musique et d'un courage un peu fou. Il y en a tant qui sont tombés les armes à la main, leurs corps inertes bercés par les vagues pendant que j'arpentais la plage en jouant «Highland Laddie», le sol sous mes pieds tremblant sous les tirs de mortiers. Immense étendue de sable peuplée de fantômes auxquels je me plais aujourd'hui à jouer un air pour les faire danser les soirs où la lune est pleine. Mais la plus belle soirée est toujours celle du 14 juillet car les français ont eu le bon goût de célébrer leur fête nationale et mon anniversaire en même temps.





Mais une rumeur qui enfle m'apprend que désormais ils vont devoir payer pour fouler le sable de la plage ces vétérans, leurs enfants et petits-enfants. Par Saint André, Lord Lovat, mon commandant, était un chef de clan mais, passez moi l'expression, le type qui a décidé cela est un chef de glands ! Nous ne sommes pas du même bataillon ! Par la Sainte Couronne d'Angleterre, poser avec le prince Charles et bafouer la mémoire de ces hommes morts pour la liberté ... quelle stupidité ! Heureusement je sais qu'il y a du sang écossais chez certains Ouistrehamais et quelque chose me dit qu'ils ne battront pas en retraite si facilement. 

Alors, après tout, laissez moi comme cela, le dos tourné à cette plage honteuse, laissez moi jouer «The road to the isles» sans entendre le tintement des pièces qui tombent dans l'escarcelle de ce Mayor inique. Si vous passez par là un jour déposez plutôt une rose, une fleur de chardon ou une couronne de coquelicots à mes pieds. Pour mes camarades qui sont restés éternellement sur cette plage je vous le promets, je continuerai à faire sonner de tout mon souffle ma cornemuse endiablée."


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Inscription figurant sur le socle de la superbe statue qui se trouve sur la commune de Colleville Montgomery face au parking de la plage : «S'ils se souviennent du sonneur de cornemuse, alors ils n’oublieront pas ceux qui ont servi et ceux qui sont tombés sur les plages» Piper William «Bill» Millin. (14-07-1922/ 17-08-2010 )»

La cornemuse de Bill Millin est visible au musée Pégasus Bridge de Bénouville.