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01 novembre 2015

Cabieu: le retour

Tonton Bédouin raconte: Cabieu, toujours Cabieu...

Sommé de se remettre au travail, Tonton Bédouin a poursuivi ses recherches sur le héros ouistrehamais bien connu. Celui dont la Convention avait voulu faire un héros à l'Antique, une manière de Cincinatus retournant à ses champs après avoir sauvé la Patrie. (Tiens, à propos de romain, il y en a un qu'on  renverrait bien à ses chants, grégoriens ceux-là, en le dispensant de sauver ce qui reste de sa commune...). Enfin bref, revenons au brave Michel; l'icône républicaine célébrée par le Constituant de Cussy, par le Conventionnel Oudot, honorée par le général Hoche est également une figure encensée par les milieux royalistes, aujourd'hui encore si l'on en croit ce blog d'inspiration nettement monarchiste découvert fortuitement http://donarussia.ek.la/histoire-de-michel-cabieu-heros-de-ouistreham-a114196918 . Le récit qu'on y lit, façon légende dorée, est plutôt pittoresque; on vous laisse savourer les dialogues entre les époux Cabieu aux prises avec leur chien Pitt.

Ne sors pas ou on te brûle!

Et pourtant, le sergent garde-côtes que la renommée publique avait promu général, faillit bien être victime des partisans de l'Ancien régime, puisque ainsi que le raconte l'historien local Jean Provost, Ouistreham, dans la nuit du 17 février 1796, reçu la visite d'une quarantaine de cavaliers. Au cri de "vive le Roi, vive les Chouans" ils se répandirent dans les rues étroites de la bourgade enjoignant aux habitants terrorisés de rester chez eux et de barrer leurs croisées sous peine de mort. Apparemment à la recherche d'armes, quelques bonnes âmes leur en signalèrent chez Michel Cabieu. Ce dernier, âgé de soixante six ans qui vivait dans une maison du quartier de la Grève, avec ses deux filles, fut tiré de son lit et sommé de livrer les armes en sa possession. L'ancien garde-côtes leur donna un pistolet d'arçon, un sabre et un fusil anglais- sans doute une arme qu'il avait conservée à la suite de l'exploit que l'on sait. Les chouans s'en contentèrent même s'ils se firent menaçants: "barre ta porte et ne sors pas ou on te brûle!". Un qui fut en revanche "brûlé" c'est l'infortuné frère de Michel, agent national et à ce titre détenteur des registres officiels et son épouse qui reçurent la visite des intrus mais qui y laissèrent la vie, abattus à bout portant. Les épisodes liés à la chouannerie sont rares dans nos régions côtières mais il faut se souvenir que les côtes normandes étaient un lieu de passage des émigrés vers l'Angleterre (eh, oui déjà, même si ceux là, des ci-devants, venaient de l'intérieur) et foisonnaient également d'espions à la solde de la Blanche Albion dont les escadres croisaient au large de nos plages.


Le quartier de la Grève au début du XXème siècle, sans doute peu différent de ce qu'il était un siècle avant à l'époque où Cabieu y vivait.

Et moi, et moi, et moi?

Un fidèle lecteur du Petit Bédouin et membre distingué de l'Association des amis d'icelui a pertinemment remarqué qu'un ouvrage récent de Jean-Louis Beaucarnot et Frédéric Dumortier, Dictionnaire étonnant des célébrités attribuait au célèbre chanteur et acteur Jacques Dutronc une lointaine parenté avec Michel Cabieu.

En effet l'auteur des Play boys ou de J'aime les filles descend de manière très lointaine d'un Guillaume Dutronc dont la souche familiale est originaire de Saint Aubin d'Arquenay, Ouistreham et Hérouville Saint Clair. A la 7ème génération, un descendant de Guillaume, Jean épouse Marie Cabieu. Le fils du couple, Jean-Pierre, décédé en 1806, est l'ancêtre direct de Jacques. Jean-Pierre est donc contemporain de Michel Cabieu, décédé en 1804. Marie était-elle la fille de Cabieu ou plus vraisemblablement sa soeur ou une cousine? On connait par ailleurs deux filles au héros ouistrehamais dont une se prénommait Anne et c'est son neveu, Jean Joseph, exerçant la profession de cultivateur, peut-être le fils de l'infortuné agent national tué par les chouans, qui déclara le décès de son oncle en décembre 1804.


Jacques Dutronc en concert en 2010