Tonton Bédouin raconte...
"A trois heures de Paris", se vantaient conjointement la Compagnie des Chemins de fer de l’État et le Syndicat d'Initiative de Ouistreham... Et le pouce sans doute, car à moins de prendre l'autorail rapide Bugatti Paris-Deauville à la gare Saint Lazare, d'attraper une correspondance pour Caen à Lisieux et de sauter dans un taxi à Caen pour arriver enfin à Ouistreham, il fallait sans doute beaucoup plus de temps, en 1934, au voyageur moyen pour relier la capitale à la "perle" de la Manche...!
Quand Willy Mucha croquait Ouistreham
L’œuvre est très représentative des affiches publicitaires des années 30. Les éléments emblématiques de la station touristique sont bien là. Le phare, les voiliers de plaisance, les cabines, le sable et la mer, le tout dans la lumière un peu voilée d'un soleil normand (rien à voir avec le soleil dessiné par un enfant de 3 ans pour "The plage to be" !). Ne manque même pas l'étrave conquérante d'une manière de transatlantique; plus proche cependant du paquebot Normandie bientôt lancé que de la silhouette pataude de l'ancien aviso Ardena qui assure pour quelques mois encore la moribonde liaison avec Londres via Southampton.
La station balnéaire est alors en plein essor, sous la férule courtoise et dynamique du maire Alfred Thomas. Le syndicat d'initiative que préside l'hôtelier Gaston Malicorne fourmille d'idées et de réalisations attirant touristes et habitués. L'affiche placardée dans les agences parisiennes et dans la salle des pas perdus de la gare Saint-Lazare ne passe pas inaperçue. Même si les amateurs de bains de mer et de loisirs maritimes mettront plus de temps pour parvenir au but que l'optimisme du graphiste leur avait promis, les charmes du séjour leur feront oublier cette publicité un peu hardie.
Dépliant d'époque diffusé par le syndicat d'initiative de Ouistreham
Willy Mucha 1905-1995
L'artiste est né à Varsovie en 1905. Il ne faut pas le confondre avec son homonyme tchèque, le très célèbre Alfons Mucha, fer-de-lance du style Art nouveau, né 45 ans plus tôt. Après une enfance passée en Pologne Willy Mucha voyagera en Europe et se fixera un temps à Caen où il s'inscrira à l'université. Naturalisé français, il sera mobilisé en 1939 comme officier de réserve dans un régiment de blindés. L'armistice le verra rejoindre Collioure où les rivages méditerranéens lui procureront sa véritable source d'inspiration. Il s'y fixera à la Libération après s'être illustré dans un maquis de l'Aveyron. Mucha est décédé à Paris le 7 mars 1995 et est inhumé au cimetière du Montparnasse.
Son séjour à Caen lui avait-il laissé le temps de découvrir Ouistreham ? L'artiste nous laisse en tout cas ainsi une belle interprétation des charmes de notre cité. La réalisation de l'affiche originale d'un format d'un mètre sur soixante centimètre avait été confiée à Henri Chachoin, un imprimeur-lithographe parisien réputé de la première partie du XX ème siècle. Elle est aujourd'hui devenue très rare et très convoitée lorsqu'un des derniers exemplaires passe en salle des ventes...
Bonjour Tonton Bédoin,
RépondreSupprimerMerci de ces articles sur le passé et la documentation.
A propos du paquebot de l'affiche, en 1934, il existe toujours un service journalier avec Le Havre Marchandise et Passager avec les paquebots Emile Deschamps et Albert Leprince. 15000 à 17000 passagers par an.
Longue vie au Petit Bédoin.