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27 octobre 2016

Le petit pélerinage

Il arrive parfois que nous nous sentions oppressé, écœuré par les mauvaises nouvelles, par ces flots d'informations qui s'imposent à nous en boucle. Orgie verbale, débats sans fin et egos surdimensionnés qui s'étalent vulgairement sur les écrans ou sur les pages. Alors nous prenons le chemin de la mer, comme une fuite, comme un refuge. Mais quand les sentiments se font trop lourds nous faisons un petit détour vers un lieu que tout le monde ici connaît. Nous franchissons les portes du musée du commando n°4, à quelques mètres de la plage.




Le musée du N°4 Commando, hommage aux 177 français libres qui sous les ordres du commandant Kieffer posèrent le pied sur la plage de Colleville-Montgomery,

Nous commençons par un film composé de documents filmés dans le célèbre camp d’ACHNACCARY, en Ecosse et lors du débarquement que l'on regarde religieusement. Puis nous nous dirigeons vers les grandes vitrines franco-britanniques, barrières de verre où se côtoient pêle-mêle des objets de la vie quotidienne : pelle, jumelles, vache à eau ou thermos à thé, sacs à dos et des mannequins revêtus d'uniformes allant de l'ambulancière à la tenue de soldats écossais. Une vitrine consacrée à l'armée allemande recèle quelques objets insolites récupérés. En fait tout ce que les allemands avaient abandonné dans des fermes de la région. Notre réflexion se perd dans les maquettes, les cartes et les photographies. On ressent également une présence indissociable de ce lieu qui nous raconte l'histoire du courage, de l'engagement pour les autres et pour une cause qui semblait perdue à beaucoup. On prend de la hauteur le regard perdu dans le regard de ces hommes en noir et blanc figés pour l'éternité sur le mur. On y est ébloui par leur jeunesse, leur courage et leur détermination. C'est étrange d'ailleurs, on y parle instinctivement à voie basse comme dans un lieu sacré.

Une très belle maquette de la plage lors du débarquement nous attire irrésistiblement et si l'on est chanceux on aura le privilège de se faire expliquer la traversée du champ de mines ou la prise du casino par celui qui l'a vécu. Incroyable moment où celui qui a écrit l'histoire vous la raconte modestement les yeux dans les yeux... Notre ami Léon Gautier, un commando, celui qui sur la photographie affichée sur le mur près de la sortie porte le numéro 50, un parmi tant d'autres. Témoin inlassable, avec dans ses paroles des mots qui reviennent en boucle : mes compagnons, mes camarades, mes copains... La fraternité au service de la liberté.
 

Un musée d'ailleurs ? Plutôt un lieu de recueillement, de réflexion où l'on se ressource à travers l'histoire. Ici pas de place pour une boutique ou une cafétéria... Ce serait plutôt la maison des hommes courageux à la fois rebelles dans le refus de la défaite et disciplinés dans le combat, dans l'action. Figés par la pellicule, beaucoup de visages aujourd'hui disparus. Ces hommes se sont fondus dans un groupe : le visage de l'unité. C'est une troupe d'élite, vive, intelligente, implacable, symbole éternel de la France qui sauve son honneur un matin de juin 44. On aimerait savoir ce qu'ils sont tous devenus, leurs parcours de vie souvent exemplaires dans une société qu'ils ont contribué à forger, offrant ce qu'ils avaient de plus précieux: leur vie.
 
La visite se termine toujours par quelques pas sur la plage, face à la mer. Une grande bouffée d'air pur en ces temps troublés, les petits combats du quotidien nous paraissent soudain bien légers. On mesure au final le privilège d'habiter une ville où l'histoire s'est écrite si glorieusement et où un de ses habitants sait porter au plus haut les couleurs de la liberté et de l'honneur.

Ouistrehamais si vous ne connaissez pas ce musée ... courrez-y car il ferme le mardi 1er novembre au soir pour l'hiver.
 
BON ANNIVERSAIRE MONSIEUR GAUTIER ! 

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