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23 avril 2016

La fête à Riva

Tonton Bédouin raconte...

Une fête à Riva-Bella à la "Belle époque"...


La Revue illustrée du Calvados éphémère mensuel édité à Lisieux de 1898 à juillet 1914 relate dans son  numéro d'août 1910 les festivités du dimanche 17 juillet 1910. Il ne sera pas question, je vous rassure, du récit du défilé d'un d'Artagnan emperruqué, d'une ancienne Miss casino ou d'un louveteau attardé (il ne manquait plus qu'un archevêque, la soutane entre les dents. Il est vrai qu'il y avait des religieuses en rosalie avec de jeunes enfants ! ) comme on a pu en voir certain dimanche...  mais de la relation d'une fête musicale sans doute, elle,  de grande tenue.
Un temps incertain pouvait faire craindre un succès mitigé mais il n'en fut rien. Il faut dire que l'Union Commerciale de Riva Bella et du port avait su s'entourer de l'appui efficace de la municipalité présidée par le maire Albert Lemarignier et des conseils avisés de la Fédération des Sociétés Musicales de Normandie. D'autres temps ... d'autres mœurs !

Un récit agrémenté de photos, celle en bas est prise sur l'actuelle "esplanade Lofi"

... faite de concours privés et concerts publics !


Le comité d'organisation reçut les personnalités en gare de Riva-Bella à 10 heures. On commença les festivités par une messe en musique... la séparation de l’Église et de l’État n'a que cinq ans, les habitudes sont vivaces et la municipalité sans doute cléricale. On ignore cependant si le maire, avait la génuflexion ostentatoire... La liturgie fut illustrée musicalement par l'Alliance Musicale de Sées. La matinée se termina par un "concours de lecture à vue" à huis clos pour l'ensemble des sociétés...dans la salle de la mairie, où la tradition du huis clos semble se maintenir (mais pour des débats cette fois à "courte vue"). A midi un banquet servi à l'Hôtel du Chalet, sous la présidence du sénateur Tillaye mit les cœurs et les estomacs en joie.


L'annexe de l'Hôtel du Chalet situé rue Pasteur, à peu près en face de l'actuel casino  et tenu à l'époque par Jules Malicorne. L'hôtel proprement dit  existe toujours rue de la mer.

Après le banquet des concerts sont organisés sur la plage , au bourg, au port, mais la pluie fait fuir un temps les nombreux spectateurs; un retour rapide du soleil arrangea les choses. Ce qui permit aux dix huit sociétés musicales de se rendre en défilé au Kursaal. Le premier casino de la jeune station balnéaire, bâtiment au style vaguement germanique construit en bois et situé à l'angle de l'avenue Clémenceau et du boulevard de France en face de l'actuelle chapelle Sainte Thérèse. Dans ce bâtiment, très récent car inauguré en 1905, furent remises les récompenses du concours du matin, non sans avoir écouté auparavant le brillant concert donné par la fanfare de Riva-Bella, l'orphéon d'Argentan et l'Estudiantina de Cabourg. La fête se termina par un feu d'artifice tiré sur le port et le canal et par plusieurs bals.



Le Kursaal, premier casino de Riva-Bella, on pouvait y jouer, danser ou assister à de nombreux spectacles, concerts, opérettes (y-joua-t-on "Les mousquetaires au couvent"?). Il ne fut démoli qu'en 1963 après avoir servi pendant la dernière guerre d'entrepôt pour loger les meubles des villas réquisitionnées et démolies pour beaucoup par l'occupant. Cet aspect un peu bavarois ou tyrolien et l'appellation teutonne étaient vraisemblablement dus à l'inspiration du promoteur Roger dont la société immobilière destinée à lotir les vastes espaces dunaires était constituée en grande partie de capitaux allemands, ce qui lui valut d'ailleurs une mise sous séquestre en 1914.

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