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07 juillet 2015

Ouistreham "The Plage To Fuir"

Depuis quelques semaines une marque symbolise la ville de Ouistreham.


Ouistreham ...une marque !

 


La municipalité nous annonce fièrement sa nouvelle politique touristique de la façon suivante : "Afin d’accroître sa visibilité et de faire rayonner le territoire, avec ses forces et ses atouts, la Ville qui vient de renouveler son identité visuelle (nouveau logo) lance dans le même temps une marque de territoire. La démarche, initiée à l’automne dernier, a été mûrement réfléchie et a fait l’objet d’un travail de longue haleine pour lequel un groupe d’étudiants spécialisés a été mobilisé."
Tout ce pathos verbeux pour découvrir un "superbe" soleil stylisé façon enfant de 3 ans et un slogan franglais ! «Ouistreham Riva-Bella, the plage to be». C'est désormais la marque de la ville qui a été déposée à l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI), et sera utilisée pour communiquer les projets et événements qui véhiculent à l’extérieur les couleurs de la ville.



Le marketing territorial à la mode Bail


Qu'est-ce que le marketing territorial dans lequel la ville s'est engagée ? «Le marketing territorial est l'effort de valorisation des territoires à des marchés concurrentiels pour influencer, en leur faveur, le comportement de leurs publics par une offre dont la valeur est perçue comme durablement supérieure à celle des concurrents» (Joël Gayet)

Même si certains peuvent voir dans cette irruption de la communication territoriale  une forme de  repli identitaire, l’idée du marketing territorial, en soi, est bonne mais... le résultat obtenu à Ouistreham est calamiteux ! Un dessin, digne d'une section de maternelle, représente un soleil accompagné d'un slogan qui tue  : « Ouistreham-Riva Bella the plage to be ».  Si l'originalité de Ouistreham par rapport aux communes concurrentes, Colleville-Montgomery, Hermanville et autres stations voisines, c'est le soleil ...cela se saurait !  Ce soleil symbolise donc pour Bail une offre dont la valeur est perçue comme durablement supérieure à celle des concurrents  ! Ciel jusqu'où ira le maire dans l'absurdité !

Il a fallu  près de neuf mois, soit le temps d’une gestation normale pour  cet accouchement pensé et approuvé par nos édiles et réalisé par des étudiants spécialisés dans le domaine de la communication ! Neuf mois pour un résultat aussi nul !


Le logo qui va nous différencier !



Qu'est-ce qui fait l'identité de Ouistreham ? LPB vous entend dire : son histoire, le phare, les grandes plages, les cabines, le ferry, la pointe du Siège et sa réserve naturelle, des couchers de soleil "impressionnistes" etc... ! Non, pour nos édiles c'est le soleil, cet intermittent du spectacle ! Il faut quand même se donner les moyens pour faire pire ! On aurait pu penser à la mer (et sa grande plage) symbolisée par des vagues, non... zut, la mairie enlève toutes les vagues rue  de la mer ! On aurait pu y mettre le phare,  non... rezut, cela pourrait faire référence à l’arrivée d’un capitaine abandonné, ohé, ohé !...

Et puis il y a le slogan « The plage to be !» , «La plage où il faut être » cela fait pseudo-branché, prétentieux et ridicule si l’on considère que Ouistreham est une plage populaire. Ah, mais c’est vrai, l’ambition municipale est de transformer notre cité en un nouveau Cabourg ou un autre Deauville avec ses parasols,  ses parkings payants...  Ceci explique cela.

Le résultat de ce marketing territorial auquel a cédé le maire s'exprime par une sorte de langage creux, aseptisé qui dénature l’idée même de particularisme communal. Une démarche intéressante aurait été de réunir différents acteurs de l'économie locale (commerces, entreprises, associations...) autour d'une table et de les faire réfléchir. Si notre territoire est porteur d’une ambition, encore fallait-il permettre à ce groupe de travail de la faire émerger. Ces acteurs auraient pu faire l'apprentissage de la promotion collective. Au lieu de cela nous sommes englués dans une caricature, un effet de mode et un langage prétentieux, décalé mais sans contenu ! Ces tics de langage camouflent bien mal la nature toc de leur pensée.


En conclusion, Ouistreham, au lieu d'attirer de nouveaux touristes, risque de devenir "The plage to pay" comme l'a dit Raphael Chauvois et  "The plage to fuir" comme le suggèrent d'autres ...