28 septembre, rappelez-vous :
il y a un an jour pour jour, notre ville connaissait son "Lundi Noir".
September 28th, remember :
exactly one year ago, Ouistreham underwent her fateful "Black Monday".
« Il est inutile de revenir sur les tristes événements du lundi 28 septembre tant les médias et moyens de communication de tous bords s'en sont fait l'écho (...) S'il est inutile de relater de nouveau ces faits, il semble important de réfléchir à la suite de cette abominable soirée, car incontestablement il y aura un avant et un après 28 septembre 2015 (1)... » - Bulletin Municipal, octobre 2015, Le Mot de la Majorité. À quel tragique événement ces lignes de la Majorité peuvent-elles bien faire référence ? Un krach boursier ? Une prise d'otages ? Une catastrophe naturelle ?
« Je me dois dans cette situation d'éclairer tous les Ouistrehamais. Nous allons connaître une période difficile dans laquelle des choix devront être faits. Nous devrons agir avec courage et force.(2) » Un ton d'une telle solennité, empreint d'un tel alarmisme, on ne peut en faire usage que pour des faits d'une extrême gravité... Alors ? Un accident nucléaire ? Une attaque terroriste ? Une nouvelle guerre mondiale ?
« Le maire et l'équipe municipale ont été bousculés et insultés ; des menaces de mort ont été proférées à l'encontre du maire ; l'Hôtel de Ville a été dégradé : ce sont des méthodes d'un autre temps. Au-delà des poursuites judiciaires que nous engageons, il convient de mettre en exergue la responsabilité morale des instigateurs au point d'entrainer avec eux des enfants, des syndicalistes radicaux et des gens extérieurs à Ouistreham Riva-Bella venus pour casser. L'irresponsabilité à son comble ! (2)»
Des Ouistrehamais mécontents
Une manifestation d'opposants à la politique de l'équipe municipale en place, en fait. Une manifestation bruyante, c'est vrai. Et donc des manifestants bruyants – bruyants comme le sont parfois les gens en colère, par exemple lorsqu'ils défendent leur point de vue par rapport au monde judéo-chrétien qui s'effondre à cause de laïcards jusqu'au-boutistes ! Des « casseurs » ? Un « groupuscule haineux » ? Une « bande d'incontrôlables (1)» ? Non, Monsieur le Maire. Ceux qui manifestaient n'étaient pas là pour « bafouer la démocratie, insulter et menacer, casser et intimider » mais bien plutôt pour faire entendre leur voix. Non, Mesdames et Messieurs les Conseillers Municipaux de la Majorité, ceux qui manifestaient n'étaient – et ne sont toujours pas – « des irresponsables qui hurlent dans leurs mégaphones ou qui cassent les vitres de la salle du Conseil et des mariages ». Ils étaient – et sont encore – des Ouistrehamais mécontents. Ils vous l'ont fait savoir, et bruyamment pourtant, ce soir du 28 septembre, mais vous n'entendiez pas. Vous êtes restés sourds.
Nous ne sommes pas des « syndicalistes radicaux ». Nous ne comptons pas parmi ces «gens extérieurs à Ouistreham Riva-Bella». Nous sommes racachis ou bédouins. Nous sommes ces « casseurs ». Nous appartenons à ce « groupuscule haineux ». Nous faisons partie de « cette bande d'incontrôlables ». Nous étions là le lundi 28 septembre, sur le parvis de l'Hôtel de Ville. Avec nos enfants – sans doute à mettre au rang des « casseurs (2)» puisque armés, qui d'un sifflet-serpentin, qui d'une spatule en bois et d'une casserole. Pas une seconde nous n'avons eu peur. Pas une seconde nous n'avons craint pour la sécurité de qui que ce soit. Pas une seconde nous n'avons senti la démocratie bafouée. Nous dirions même que l'ambiance était plutôt bon enfant. Il y avait des sourires. Des gens déterminés, sans doute, mais de bonne humeur. Oui nous avons poussé ou entendu des cris qui disaient « Bail démission ». Oui nous avons donné ou entendu des coups contre les murs voire les vitres de la salle du Conseil Municipal. Oui nous avons perçu la tension qui vous animait quand vous avez fait évacuer la salle par les policiers municipaux pour que la séance ait lieu à huis clos. Ce n'était pas ce que nous attendions. Nous attendions l'apparition d'un Maire, notre courageux Maire, celui qui, au vu de ses ambitions pour l'avenir, ne pouvait manquer une si belle occasion d'intervenir auprès de ses administrés pour apaiser leur colère et entamer avec eux un dialogue si cher à sa vision de la démocratie. Mais ce Maire n'apparut pas pour mettre fin au « risque de dérapage (1)» qui n'aurait soi-disant « pas eu lieu grâce au calme affiché par les élus de la majorité (2) ». Nous attendions que vous vinssiez (visez un peu le subjonctif imparfait !) à notre rencontre mais notre attente était à la mesure de votre poltronnerie, à savoir trop grande. Vous êtes resté muet.
Un maire aveugle et sourd
En notre nom – puisque vous avez pris l'habitude de parler au nom de vos administrés, ignorant chaque jour un peu plus ceux d'entre eux qui vous défient – vous avez écrit dans une énième publication distribuée dans les boîtes aux lettres, que « nous avons tous vécu avec émotion les tristes événements (2)» « cette abominable soirée (1) » du 28 septembre. Mais de quelle abominable soirée parlez-vous ? Et à quels tristes événements faites-vous allusion, au juste ? À une boîte aux lettres abîmée ? À un carreau brisé accidentellement ? À des menaces de mort que seuls vous et quelques-uns de vos supporters avez entendues ? Et quand bien même ces débordements auraient eu lieu, mériteraient-ils d'être comparés à de violentes émeutes comme vous avez eu l'audace et l'inconvenance de le faire ? Vous êtes semble-t-il pourtant bien placé pour savoir que lors de tels rassemblements, il est impossible de tout maîtriser et que si dérapages il y a, ils sont le plus souvent isolés, et ne concernent que quelques individus minoritaires, très minoritaires, archi-minoritaires. Ils sont l'exception. Un peu comme l'étaient ces jeunes qui, par un soir d'After Bac, ont pu causer quelques dommages aux riverains de leur fête ou occasionner quelques dégradations matérielles…(enfin c'est la version officielle) !
Mais une fois de plus, vous et votre équipe avez choisi de ne voir que ce qui pourrait par la suite servir votre cause, jouer un rôle politique en votre faveur : quelques insultes peut-être, de prétendues menaces, une vitre brisée ! Qui pourrait faire passer ceci pour une manifestation de casseurs irresponsables ? Vous. Quoi qu'il en soit – et si regrettable ce que vous avez choisi de voir ait-il été – vous n'avez cependant pas vu l'essentiel. Des Ouistrehamais, par dizaines – par centaines – qui manifestaient leur désaccord avec votre politique pour leur ville. Des Ouistrehamais inquiets pour leur avenir et venus à ce titre vous demander de leur rendre des comptes. Des Ouistrehamais fatigués de n'être pas écoutés, lassés d'être méprisés. Mais, ça vous ne l'avez pas vu. Vous êtes restés aveugles.
Un alarmisme déplacé
Ce soir-là, et les jours qui suivirent, pâle copie d'un Roger Gicquel et de sa « France a peur », vous avez fait preuve d'un alarmisme totalement déplacé, utilisant à dessein des termes inappropriés.
- Un an plus tard, le ridicule de votre grandiloquence dans le catastrophisme se mesure à l'aune du contexte d'état d'urgence dans lequel le pays est actuellement plongé.
- Un an plus tard, vos manœuvres d'alors pour tenter de discréditer vos opposants, vous ne pouvez qu'en constater l'échec. Non seulement les rangs de ceux que vous avez calomniés ont grossi – et ce, malgré vos tentatives d'intimidation et la propagande, dont vous avez accablé les Ouistrehamais – mais en plus rien n'a changé : vous n'êtes pas, aujourd'hui pas plus qu'hier, à l'écoute de ceux qui ne comptent pas parmi vos partisans.
- Un an a passé et pas plus qu'hier vous n'assumez aujourd'hui les mauvais choix que vous avez faits, allant même jusqu'à tenter, avec cynisme, comme ce fut récemment le cas pour la Cité Jardin, d'en travestir la réalité pour en récupérer les éventuels bénéfices. Rivé sur le fameux cap que vous prétendez maintenir, vous avancez, seul maître à bord d'un vaisseau fantôme dont on ne sait où il finira sa course, ni s'il sera accueilli par davantage de spectateurs que ne le fut en notre port un autre navigateur, bien plus célèbre que vous…
- Un an a passé et nous aussi sommes restés inflexibles. Non, vous ne nous avez pas réduits au silence. Non, vous ne nous avez pas affaiblis.
- Un an a passé et, soyez-en assuré, vous nous trouverez encore sur votre chemin chaque fois que nous le jugerons nécessaire. Par intérêt pour notre ville, et pour que les mots « démocratie » et « liberté d'expression » gardent tout leur sens.
(1) « Chronique de la Majorité », Bulletin Municipal N°4, octobre 2015
(2) « Éditorial » de M. le Maire, Bulletin Municipal N°4 octobre 2015
(3) Message de M. Le Maire posté dans les boîtes aux lettres des Ouistrehamais, en date du 29 septembre 2015